À 28 ans,Tatou Dembele est aujourd’hui une figure incontournable de l’entrepreneuriat ivoirien avec son site et application “Ivorian Food”, mettant en valeur la cuisine africaine, téléchargée dans plus de vingt pays. Alliant rigueur et minutie, ces recettes semblent être le reflet d’une femme, présentant une sensibilité aux problématiques sociales de son temps. Entretien.
Peux-tu te présenter en quelques mots
Je suis Tatou Dembele, jeune femme entrepreneure, passionnée par plusieurs choses; Je suis foncièrement une âme créative. Je tiens une entreprise dans le domaine du marketing, ZestFoodFilm.com dont le média d’influence est IvorianFood.com. Je tiens aussi une entreprise dans le domaine de l’artisanat, plus précisément de l’ébénisterie avec Atelierbrond.com. À mes heures perdues, je suis simplement Tatou Dembélé, une artiste peintre.
Peux-tu nous parler de la création d’Ivorian Food? Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
2008, Montréal, Lycée français. Je suis en classe de seconde. Mes camarades de classe sont tous québécois. Notre professeur d’histoire géographie nous demande de réaliser un exposé sur un pan de notre culture d’origine. Je choisis alors de présenter la Côte d’ivoire et la culture culinaire du pays. Les questions de mes camarades fusent. Ils sont si intéressés que je leur promet de leur faire goûter. Ils goûtent mon alloco en fin d’année et en redemandent. Je les invite au restaurant africain non loin du lycée et on passe une excellente soirée. C’est à ce moment là que je crée la page Facebook de Ivorian Food avec pour idée principale de faire la promotion de la cuisine de mon pays.
Comment as-tu développé ce goût pour la cuisine?
Je revois encore avec mes yeux d’enfants mes tantes et mémés s’affairer dans la cuisine. J’ai encore un vif souvenir de grandes journées de préparation conviviales et de cérémonies familiales. C’est ce qui m’a donné le goût de la cuisine. Ma maman avait gardé un cahier de recette rouge d’une centaine de pages qu’elle renseignait depuis qu’elle était plus jeune. Ce cahier me faisait rêver quand j’étais toute petite ! Je voulais en voir un moi aussi.
Beaucoup de personnes se lancent dans l’entreprenariat aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’as poussé à le faire?
Je pense que ce n’est pas un avènement. C’était quelque chose d’assez logique pour moi. Sans même le savoir, j’entreprenais déjà quand j’étais dans mes années universitaires. Je développais déjà des sites internet assez sommaires pour mes connaissances. Il fallait juste à un certain moment faire les choses plus sérieusement, notamment en ce qui concerne IvorianFood et ZestFoodFilm. Pour ce qui est de la peinture, je commercialise mes œuvres depuis l’an 2014 un peu partout dans le monde. Une fois de plus, ce sont des choses qui se sont faites tout doucement et j’ai simplement pris goût au fait de voir mes propres affaires fleurir.
As-tu d’autres projets qui te tiennent à cœur ?
Je travaille présentement sur une initiative chère à mon cœur, l’initiative Tatou Dembele. En somme, ce sont des toiles que je peins qui seront vendues lors d’un vernissage et dont tous les revenus financeront la scolarités de filles, de jeunes filles scolarisées.
Pourrais t-on te qualifier de féministe?
Je sens une connotation négative dans le questionnement, par le simple fait qu’être féministe n’est pas supposé être un antagonisme. Il faut distinguer le fond de la forme : je suis pour la réduction des inégalités de fait qui existent entre hommes et les femmes; et puisque je suis moi-même, femme, je m’occupe, à ma façon, de faire ma part dans la réduction de ces inégalités.
Que penses-tu de l’implication de la jeunesse dans les différents pans de la société ?
Les décisions que nous prenons aujourd’hui impactent naturellement le monde que l’on laissera à nos enfants. En toutes choses, en politique comme en entreprise, les actions ont des conséquences qui se répercutent sur l’ensemble des populations. Il est tout naturel que ces populations aient leur mot à dire. Il est tout naturel que la jeunesse ait son mot à dire. Il est d’ailleurs plus que nécessaire d’avoir une oreille très attentive pour la jeunesse. Soit celle-ci est consciente des enjeux du monde dans lequel elle évoluera parce que le terrain est fertile à l’apprentissage et au questionnement, soit cette jeunesse est inconsciente et obnubilée par les choses peu importantes de la vie et du développement humain.. L’enjeu, c’est de faire en sorte que la jeunesse soit suffisamment outillée, par l’éducation, pour affronter les enjeux du monde de demain. Ce monde sera certainement bien plus concurrentiel que l’époque que nous vivons actuellement.
L’ivoirienne Charlette N’GUESSAN parmi les personnalités les plus influentes d’Afrique